vendredi 15 février 2013

Le 15 janvier 2013, s’est tenue la troisième Journée pédagogique de la Faculté : "Accroître la réussite en licence" : au-delà de l'incantation, quelles (nouvelles) solutions ?

La Faculté des LLSH poursuit ses Journées pédagogiques, initiées en 2011-2012. La troisième Journée a eu lieu mardi 15 janvier 2013.
 « Accroître la réussite en licence », il n’est question que de cela dans les directions d’universités comme au MESR depuis la rentrée, dans les déclarations des syndicats comme dans celles de la CPU. L’injonction n’est pas nouvelle : en 2008 elle a inspiré un « Plan » dont tous les bilans sont, pour ce qui concerne la réussite, cruels. En même temps comment l’enseignement supérieur, qui depuis les années 70 a réussi sa massification, pourrait-il renoncer au défi de sa démocratisation ?
Le 15 janvier nous avons interrogé ce défi et examiné si et comment nous pouvons, en 2013, le relever.
La matinée a été consacrée à une grande réunion-débat de toutes les équipes pédagogiques sur la réussite en licence à la Faculté.
Isabelle Laborde-Milaa, vice-doyenne responsable de la pédagogie, a brossé un panorama de la réussite en licence, au niveau national mais surtout local : chiffres et bilan critique des actions menées depuis trois ans dans la Faculté, avec leurs enjeux et plusieurs perspectives d’action en la matière (Présentation Réussite en Licence). La discussion qui a suivi a porté sur les moyens de rendre plus efficace l’action de l’enseignant-référent, notamment : comment « capter » les étudiants pour les rendez-vous ? Le besoin d’associer une cohésion entre les dispositifs d’accompagnement a été souligné. Même chose pour les acteurs qu’il s’agit d’associer : enseignants, bien sûr, mais aussi les secrétariats, les tuteurs, les étudiants plus avancés. La L1 serait-elle devenue une année de bac prolongée, se demande-t-on ?... Car le risque inhérent à ces efforts est de nous disperser sur une réussite multidirectionnelle dont nous n’avons peut-être pas les moyens : heurs et malheurs du plan Réussite en Licence... Un instrument, en tous cas, traverse tous les niveaux, de la L1 jusqu’au master, et relie enseignants et étudiants : la copie ! Qu’en font ces derniers ? Comment se saisissent-ils (ou non) de la correction ? Et pour quel profit ? Voilà un sérieux problème pédagogique, qui interroge la continuité des apprentissages et la responsabilité des étudiants dans leur réussite.
Deux interventions de collègues ont ensuite permis de faire un gros plan sur deux enseignements transversaux qu’ils coordonnent et harmonisent en L1. Elisabeth Le Corre, MCF de littérature française, est revenue sur 4 années de Méthodologie du travail universitaire (MTU) pour en mesurer les difficultés et les effets positifs, sachant qu’il s’agit de contenus qu’il n’est facile ni d’enseigner… ni de maîtriser (pour les étudiants). (Synthèse MTU). Eric Pellet, PRAG de linguistique, a pour sa part présenté un premier bilan sur le barème relatif à l’expression française qui a été instauré en septembre 2011 dans la Faculté pour tous les travaux écrits. Ce dispositif a maintenant trois semestres  de fonctionnement et méritait un retour, lequel a été effectué à partir d’un questionnaire auquel ont bien voulu répondre une trentaine de collègues. (Synthèse expression française). Chaque bilan, sans occulter les points sombres, incite à continuer dans ces deux voies, en exploitant les évaluations qu’en font les étudiants et/ou les enseignants.
Enfin, deux collègues d’autres composantes ont exposé, qui une expérimentation en Sciences concernant des parcours destinés à des bacheliers technologiques (Gérard Lauton, chargé de mission), qui un dispositif d’appel et de soutien à des innovations pédagogiques (IDEA) ouvert à toutes les composantes (Jean-Michel Mallard, chargé de mission et directeur-adjoint de l’IUFM).

L’après-midi un colloque a approfondi la question avec les interventions de trois spécialistes qui, sous des angles différents, ont pesé les plus ou moins grandes chances de réussite pour les étudiants : 
  • "Difficultés, interruptions et réorientations : le continuum lycée-université en question", par Gérard Boudesseul, sociologue, maître de conférences HDR à l’université de Caen et membre du CÉREQ-ESO, et Nathalie Beaupère, chargée d'études au Centre Associé Régional (CAR) au CÉREQ de Bretagne. D’où il ressort que les « décrocheurs », dont les chercheurs ont analysé les discours, ne forment pas une catégorie homogène : autant de trajectoires que de représentations diverses de l’université et de soi, qui influent sur la réussite et peuvent faire obstacle. Aux enseignants de repérer, d’orienter si possible… et de manœuvrer entre continuité et rupture car, contrairement à une doxa dominante, un peu de rupture après le lycée ne nuit pas pour aider les étudiants à acquérir les normes de l’université.
  • "Parcours diversifiés, parcours disciplinaires ou parcours in-disciplinés : quelle formation pour quelle réussite des étudiants ?", par Christophe Pébarthe, historien, maître de conférences HDR à l’université de Bordeaux 3 et membre d’Ausonius. Ce collègue, partant de Durkheim, s’est attaché à déconstruire des évidences un peu trop admises (pourquoi l’insertion professionnelle est-elle devenue le critère de qualité d’une formation ? l’Université peut-elle et doit-elle éponger tous les dysfonctionnements sociaux ?) et à pointer des impensés administratifs qui gouvernent nos modèles de formation. Mais alors que faire, que mettre en place ? Entre le trop de méthodologie et la pluridisciplinarité saupoudrée, des voies existent dans le partage des savoirs, la construction critique des disciplines… qu’il reste à incarner dans des pratiques pédagogiques concrètes.
Depuis la 1ère Journée pédagogique, l’intérêt des collègues (enseignants, enseignants-chercheurs et doctorants) pour la pédagogie ne se dément pas : en témoignent les débats animés, voire virulents, souvent empreints d’humour et de drôlerie, où sont palpables engagement et solidarité.
Que tous soient remerciés, ainsi que les divers organisateurs qui ont contribué à la « réussite » de cette troisième Journée pédagogique.

Isabelle Laborde-Milaa, Vice-doyen à la pédagogie


P.S.1: des documents sur la question de la réussite en licence peuvent être téléchargés.