lundi 1 juin 2015

Émergence(s) : l’édition 2015 des L de la nuit





La troisième édition des « L de la nuit », intitulée cette année « Émergence(s) », s’est déroulée jeudi 16 avril, entre 16h et 23h. Sur fond de journée et de nuit estivales, une fois encore, étudiants, enseignants et personnels administratifs, amis de la première heure ou aficionados nouveaux ont déambulé entre la dalle du Campus Centre et les lieux de spectacle, plus nombreux encore cette année : hall des amphis, amphis, Bibliothèque Universitaire et, lieu nouveau, salle de la Maison de l’Étudiant, généreusement prêtée pour l’occasion. Dans son discours d’ouverture, en compagnie du vice-président du Conseil d’Administration Christian Cuesta, Jeanne-Marie Boivin a rappelé le sens de l’événement, tel qu’elle l’avait conçu d’emblée : tous les savoirs enseignés à la Faculté des LLSH, en prise sur les arts, les langues, les littératures et les cultures du monde entier, ont par nature une vocation culturelle ; Les L de la Nuit ont pour mission de valoriser la création collective nourrie de ces savoirs et de les partager. Cette année encore, il a fallu se munir de son programme et accepter de choisir, tant l’offre était prodigue. Heureusement, les photos de Nicolas Darphin et celles du « studio photos » de Bruno Rossi et Sandy Emonot ont fixé tous les meilleurs moments, vécus ou non !

La musique, cette année encore, a eu la part belle. Mention spéciale pour les nouvelles stars de la Nuit, aussi discrètes que talentueuses, Pauline et Chloé, étudiantes du département d’anglais, au répertoire très divers : leurs voix ont magistralement assuré l’ouverture et la clôture de la nuit ! Jean-Pierre Brouillaud, poursuivait, avec son concert « Pianissimo », au ton mélancolico-humoristique, alternant reprises et compositions personnelles. C’est à l’atrium de la B.U. que se donnait ensuite le « Voyage poétique dans le Lied allemand », proposé par Sylvie Le Moël et le département d’allemand, en association avec le Conservatoire Marcel Dadi de Créteil : les étudiants assuraient la déclamation et la traduction poétique des poèmes allemands mis en musique par Schubert, Schumann, Mendelssohn, Wolf, tandis que les élèves du Conservatoire assuraient la partie musicale – heureuse association qui devait se poursuivre, quelques jours plus tard, au Conservatoire de Créteil. C’est encore dans ce lieu propice à l’écoute que Roberto Poma, admirable ténor, offrait, en collaboration avec des étudiants de double licence histoire/philosophie, une promenade lyrique dans l’univers des émotions sur le thème de l’« Émergence du sujet ». La lecture de textes (écrits par un étudiant ou par des écrivains consacrés) alternait avec des airs chantés (Händel, Mozart, Giuliani, Rossini), accompagnés au piano par un étudiant ou encore par Stephen Scott Brewer, du département d’anglais. D’un concert à l’autre, les marches de l’atrium n’ont pas désempli, et le silence de la salle disait assez l’émotion collective.

Dans un tout autre style, le département de langues romanes nous entraînait, avec Graciela Villanueva et Sergio Delagado, dans son « Café latino », implanté dans la salle de la Maison de l’Étudiant entièrement décorée pour la circonstance par les étudiants hispanistes. Salle comble pour vivre à l’heure des tapas, de la danse, du théâtre, des jeux, sur fond de musique hispano-américaine endiablée (au bandonéon, Eric Pellet ; à la contrebasse, Arnaud Baubérot, au piano, Graciela Villanueva). Il fallait savoir s’en extraire pour aller dîner au sous-sol des amphis ou retrouver les fans du groupe « Tu quoque » de Than-Vân Ton That et ses fameux chants latins sur air de tubes indémodables, chorégraphiés dans une grande parade. On pouvait ensuite retrouver la chorale des chants historiques animée par Mireille Touzery, qui proposait une histoire en chansons, de l’Ancien Régime à la Révolution, de l’Empire à la Commune, de la troisième République à nos jours, et dont la dernière chanson, « Le Déserteur », de Boris Vian, a été reprise en chœur par le public. Dernière performance musicale, à mi-chemin entre musique et poésie, le slam poétique de Romain Talamoni, étudiant en géographie, qui, cette année, avait fait un émule très inspiré.

L’écriture, elle aussi, a été particulièrement à l’honneur, célébrée dans tous ses états et dans tous ses éclats. Et rendons d’abord hommage aux étudiants qui ont risqué leur plume au concours d’écriture poétique : plus de soixante-cinq textes recueillis, de divers départements de différentes facultés (dont un texte d’un personnel de l’administration) ! Composé d’enseignants, d’administratifs et d’étudiants, le jury, animé conjointement par Francis Combes, poète et président de la Biennale de poésie du Val de Marne et Eric Pellet, retenait quatre primés, dont les textes ont été lus sur la scène par des étudiants du jury. Au cœur de la salle de lecture de la Bibliothèque Universitaire, dans le cabinet littéraire conçu et réalisé par Ludovic Perchot, avec l’assistance vigilante de Joan Monnier, responsable de l'animation culturelle de la Bibliothèque Universitaire de Campus Centre, l’originalité était aussi au rendez-vous : dans ce « foyer d’émergences » autour de l’œuvre de Valère Novarina, une œuvre collective allait être créée en direct par des étudiants – lecture-création mise en espace, dans l’audace de l’improvisation sur le vif et sous contraintes, émergence, s’il en est !

Écriture ou réécriture théâtralisée, celle-là, dans le spectacle d’étudiants de master de lettres, conçu, réalisé, mis en scène entièrement à leur initiative, « Sorcières ! », échos de Macbeth, des Sorcières de Salem et de La Sorcière de Michelet. Écriture encore, au sens propre du terme, cette fois, dans « l’atelier de copistes », animé par Magali Janet, enseignante de littérature du Moyen-Age. Sous un chapiteau dévoué à l’atelier, des étudiants vous guidaient dans la réalisation de votre blason – votre prénom en lettres calligraphiées – et un peu plus tard, sur la scène, ils se produisaient dans un spectacle conçu et réalisé par eux « Écrire, raconter et vivre un peu, théâtre », version moderne et spectaculaire d’Aucassin et Nicolette, autour de la création du livre médiéval. Écriture toujours, ou plutôt réflexion sur l’écriture et sa destination, dans ce show en apparence déjanté, « Présidents’L : théâtre lexico’politique », dans lequel des étudiants de L3 de Rédaction Professionnelle et Communication Multimédia (RPCM) se mettaient dans la peau d’un Président, prononçant SON rituel discours de vœux. Mais l’analyse lexicométrique reprenait finalement le dessus, Sandy Emonot, doctorante en lexicométrie, de montrer dans quel sillage discursif s’inscrivent les discours proposés et en quoi ils sont proches ou non des « vrais » discours. Écriture encore et toujours – écriture numérique cette fois – dans cet atelier ludique « RPCM le jeu », sorte de « questions pour un champion » conçu par les étudiants du Parcours sous la houlette de Jean-Marc Leblanc, et joyeusement animé par Clémence Gros et Vincent Ronach. Écriture encore que ces « virelangues » mis en voix et en scène par les étudiants Erasmus, sur un projet de Vincent Ronach, chargé des relations internationales à la Faculté, et assisté, pour la mise en scène, de Ludovic Perchot. Écriture et langue, encore, dans le spectacle de théâtre bilingue, organisé par Roberta Conte-Ronach, défense et illustration d’un apprentissage de la langue par le théâtre. Enfin – last but not least – la lecture d’Un Cœur simple, par le philosophe Ali Benmakhlouf, nous a tenus en haleine, entre drame et ironie, dans une « épreuve du gueuloir » qu’aurait appréciée Flaubert.

Deux manifestations ne relevaient ni de la musique ni de l’écriture. D’abord celle des Joutes Philosophiques, qui déjà l’année dernière avaient rencontré un franc succès et qui cette année ont fait salle comble. Sur les thèmes "le travail est-ce la santé ?", "faut-il être fidèle ?" "si Dieu n'existe pas, tout est-il permis ? », les débatteurs ont fait assaut d’arguments, de sophistique, d’humour… et de mauvaise foi, et les équipes du département de philosophie, entraînées pendant plusieurs semaines par Moudar Maklouf, ont tout particulièrement brillé. D’autre part l’ensemble de documentaires audiovisuels, « la ville en images », réalisés par les étudiants de la Licence professionnelle du département de géographie, sous la direction de Perrine Michon, ont su susciter l’intérêt de tous pour les questions d’urbanisme.

Quant à l’exposition de la B.U., Marie Peres-Leblanc, qui l’a conçue cette année, a proposé une « galerie ouverte » sur le thème de l’émergence et en a assuré la conception et la mise en espace avec l’aide de Daphné Crépin, étudiante en médiation culturelle. On a retrouvé avec plaisir une toile de Maryline Daheron, des photos de Sacha Paygambar, toujours imprégnées d’une perception singulière de la nature et d’une réflexion sur le travail de la conscience. On a découvert les photos de Françoise Dupeyron-Lafay et de Marc Girot, dans une subtile installation : paysages, voyage autour du monde, etc. Plasticienne de formation, Marie Peres-Leblanc, proposait aussi quelques-unes de ses œuvres, dont le travail esthétique relie tradition artistique et technologies nouvelles. Finissons sur des billets de loto : Kim Lionel Pham, administratif à la B.U. et joueur de loto à ses heures, a eu l’idée de recycler les billets perdus et d’en faire des œuvres d’origami en 3D. C’est ainsi qu’un dragon trône sur les vitrines de la Bibliothèque et que, suspendus dans le ciel, volent des oiseaux multicolores, triomphe de l’art sur les billets malchanceux !

Les feux s’éteignent, il est 23h. On a le sentiment que l’événement s’est inscrit dans les lieux et dans les esprits : des anciens reviennent, avec des amis ; des départements s’associent ou élargissent à l’extérieur leurs collaborations ; des coups de main, de voix, de pouce se donnent ; on a beaucoup travaillé en amont et on pense à l’an prochain. Par la richesse et la diversité de ses propositions, la troisième édition des « L de la nuit » a confirmé le succès des deux premières. On y a retrouvé, avec des éclats nouveaux, les grands classiques qui ont marqué la mémoire de l’événement, on y a aussi découvert des propositions nouvelles et des talents plus qu’en herbe, notamment chez les étudiants, plus nombreux à tenter l’aventure de la création artistique ; et la Faculté n’oubliera pas non plus de belles prestations de ses étudiants internationaux. Bien rodée, l’organisation semble avoir permis à la créativité de tous de s’exprimer, peut-être avec plus d’audace encore, d’exigence et de singularité. Cela se confirme cette année : les enseignements dispensés à la Faculté des Lettres, Langues et Sciences humaines ont conduit du savoir à l’expérience de la création et à la réflexion sur sa pratique. Des œuvres ont émergé, pour le grand plaisir des spectateurs, dont l’attente semble s’être aiguisée d’événement en événement. Cette émergence est le fruit d’un désir et d’un travail communs et c’était, encore une fois, le secret des « L de la Nuit ».

Sylvie Jouanny et Jean-Marc Leblanc,
concepteurs et co-organisateurs de la 3e édition des « L »


Mastériales 2015




La 6ème édition des Mastériales, le 12 mars 2015 avait pour but de mieux faire connaître et de promouvoir l’ensemble des masters proposés par la Faculté, surtout en cette étape cruciale d’ouverture d’une nouvelle offre de formation à la rentrée 2015.

Comme l’an dernier, la présence à la journée était obligatoire et vérifiée, et les cours avaient été suspendus en L3 et M au profit de cet événement. De fait, malgré l’absence de certains étudiants ou le départ prématuré de certains d’entre eux, l’audience a été importante.

La matinée, consacrée à des ateliers disciplinaires précédés d’une information sur chaque master dans les différentes mentions, a permis d’entendre les recherches originales que mènent actuellement nos étudiants de M1-M2. Point notable que ces présentations des travaux en M1 car, à ce stade intermédiaire, les mastériens incarnent une projection somme toute rassurante et stimulante pour leurs camarades de L3. D’anciens étudiants aujourd’hui insérés dans la vie active ont aussi partagé leurs expériences, attestant ainsi de réussites qui ne sont pas forcément des lignes droites mais ont suivi des trajectoires plus sinueuses, parfois imprévues, en tous cas constructives.

Cette rencontre entre étudiants actuels et anciens vient combler une attente, voire une anxiété chez les étudiants qui actuellement s’interrogent sur les choix à opérer très bientôt. Les difficultés du marché du travail n’ont pas été passées sous silence, mais non plus les enquêtes récentes prouvant le rôle décisif d’une qualification à Bac+5 et, plus important, les atouts de nos formations pour parvenir à trouver un emploi intéressant et évolutif.

Après un buffet offert à tous, l’après-midi a réuni l’ensemble des étudiants de la Faculté pour un panorama des masters et de leurs débouchés. Les masters MEEF (Métiers de l’Enseignement, Education, Formation), fruits de réformes en chaîne, ont été présentés conjointement par Sara Fourcade (Capes Histoire-Géographie) et Thérèse Robin (Capes Allemand). Puis place aux études doctorales, horizon plus lointain, certes, en L3 mais essentiel comme voie de professionnalisation. Deux doctorants et un récent docteur, en espagnol, philosophie, histoire, ont parcouru avec conviction, voire allégresse, tous les aspects du chemin vers la thèse : contrat doctoral, équipes de recherche, financements, heurs et malheurs de la recherche et de l’écriture. Les débouchés dans le monde de l’entreprise ont fait l’objet d’une session animée par Philippe Bizeul, vice-président aux partenariats économiques, assisté de nos collègues du SCUIO-BAIP. Nous y avons entendu en particulier Raphaël Groulez, à un double titre : délégué général d’Atoutjeunes Universités, association qui œuvre pour l’insertion professionnelle des diplômés de master en LLSH, et lui-même titulaire d’un master de littérature. Martine Dauzier et Vincent Ronach ont, pour clore le tout, détaillé les possibilités très diverses de mobilité internationale en cours d’études, complétées par une prise de parole de la vice-présidente aux relations internationales, Claire Sotinel : cette dernière séquence a relancé les questions de l’auditoire, un peu fatigué après cette journée dense.

Isabelle Laborde-Milaa, vice-doyenne à la pédagogie
Sylvie Le Moël, professeur de littérature allemande