La Faculté des LLSH poursuit ses Journées Pédagogiques initiées en 2011-2012. La cinquième journée s'est tenue le jeudi 22 janvier 2015 sur le thème : "Être un « bon prof » à l’université : enjeux et paradoxes de l’injonction pédagogique."
La Faculté des LLSH, qui s’empare chaque année dans ses « journées
pédagogiques » d’une question d’actualité, est, par sa
pluridisciplinarité, un laboratoire idéal pour penser les
transformations des pratiques. La formule Être un « bon prof »,
volontairement provocatrice car évoquant l’enseignement secondaire, n’a
pas débouché sur un mode d’emploi – ce n’était pas son but –, mais a
suscité tout au long de la journée échanges et controverses sur le
comment enseigner, à qui, avec qui, pour quels enjeux.
Le rapport Bertrand « Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement
supérieur », paru en mars 2014, était au centre de cette journée. Ce
document regroupe et formalise des réflexions jusqu’alors éparses dans
des enquêtes et bilans antérieurs, surtout depuis 2007. La massification
de l’enseignement supérieur, l’évolution sociologique des étudiants, la
transformation des modes d’accès au savoir : autant de mouvements
objectifs qui rendent la pédagogie incontournable à l’université et
justifient la parution du rapport aux yeux des participants. Mais les
débats de la matinée ont montré que ce rapport ne fait pas l’unanimité
parmi les enseignants quant à son diagnostic et ses propositions : reçu
comme assez disqualifiant vis-à-vis des universitaires, il semble
méconnaître l’existence des innovations quotidiennes sur le terrain.
Principe de réalité, en effet : la secondarisation, qui fait tant débat,
a de fait bousculé le cours magistral et est actée à travers des
dispositifs et contenus mis en place dès 2009 dans la Faculté. Mais le
défi est de maintenir des exigences pour conduire les étudiants vers une
formation solide, assumée, ouverte sur leur future vie professionnelle.
Du reste, qui est « l’étudiant » prototypique dont il est question tout
au long des textes institutionnels ? Car il s’agit bien de la réussite
des étudiants dans leur diversité, qui n’est pas non plus réductible à
bons/moyens/mauvais, comme l’ont précisé plusieurs enseignants :
diversité de formation, d’âge, de motivation, de projet et même de
réussite, qui en fait des individus à part entière, non solubles dans
une catégorie unifiante.
Le numérique est-il l’alpha et l’oméga de cette réussite ? Si les MOOC ont été nettement critiqués pour leur effet d’affichage, leur caractère somme toute assez magistral et leur faible succès corrélé à leur taux d’abandon élevé, d’autres outils de recherche et de partage de données ont été présentés dans leurs usages, mis en contexte et, surtout, en complémentarité d’autres modes de travail. Tant il est vrai qu’un outil innovant n’est pas bon en soi et en toutes situations, a-t-on rappelé : la pédagogie se construit et trouve ses instruments pour un groupe, un niveau, dans une progression. L’assemblée a discuté des dangers, et de l’inefficacité, d’un formatage : attention, en particulier, au rôle des ingénieurs pédagogiques. Pour quelles tâches ? À quels moments ? S’il faut « professionnaliser l’activité d’enseignement », les meilleurs professionnels ne sont-ils pas… les enseignants eux-mêmes ? Certes aidés par leurs pairs, par l’équipe pédagogique, par le partage des pratiques. Encore faut-il trouver les structures ad hoc au sein des établissements pour permettre ces mises en commun, mais des structures non imposées du haut et répondant à des besoins formulés par les universitaires. On a souvent entendu, pendant cette journée, le couple top-down et bottom-up, pour en conclure que l’un ne va pas sans l’autre…
Enfin, l’institution se donne-t-elle et donne-t-elle aux enseignants les moyens de ses ambitions ? L’innovation pédagogique a un coût financier, organisationnel et humain, comme l’a souligné l’intervention de l’après-midi. Et le moindre ne serait-il pas de reconnaître – enfin – l’investissement pédagogique dans la carrière des enseignants ? Question de bon sens, d’équité, de dignité. Les participants ont pointé ce paradoxe d’une injonction éventuellement sans assises, mais en rappelant que du nouveau a été annoncé à ce sujet par Claude Bertrand lui-même...
> Programme de la Journée Pédagogique
Consultez les différentes interventions de la journée aux liens suivants :
> Isabelle Laborde-Milaa
> Nathalie Gorochov
> Eric Pellet
> Pierre Chiron
> Vincent Ferré
> Jean-Marc Leblanc
> Geneviève Lameul
Le numérique est-il l’alpha et l’oméga de cette réussite ? Si les MOOC ont été nettement critiqués pour leur effet d’affichage, leur caractère somme toute assez magistral et leur faible succès corrélé à leur taux d’abandon élevé, d’autres outils de recherche et de partage de données ont été présentés dans leurs usages, mis en contexte et, surtout, en complémentarité d’autres modes de travail. Tant il est vrai qu’un outil innovant n’est pas bon en soi et en toutes situations, a-t-on rappelé : la pédagogie se construit et trouve ses instruments pour un groupe, un niveau, dans une progression. L’assemblée a discuté des dangers, et de l’inefficacité, d’un formatage : attention, en particulier, au rôle des ingénieurs pédagogiques. Pour quelles tâches ? À quels moments ? S’il faut « professionnaliser l’activité d’enseignement », les meilleurs professionnels ne sont-ils pas… les enseignants eux-mêmes ? Certes aidés par leurs pairs, par l’équipe pédagogique, par le partage des pratiques. Encore faut-il trouver les structures ad hoc au sein des établissements pour permettre ces mises en commun, mais des structures non imposées du haut et répondant à des besoins formulés par les universitaires. On a souvent entendu, pendant cette journée, le couple top-down et bottom-up, pour en conclure que l’un ne va pas sans l’autre…
Enfin, l’institution se donne-t-elle et donne-t-elle aux enseignants les moyens de ses ambitions ? L’innovation pédagogique a un coût financier, organisationnel et humain, comme l’a souligné l’intervention de l’après-midi. Et le moindre ne serait-il pas de reconnaître – enfin – l’investissement pédagogique dans la carrière des enseignants ? Question de bon sens, d’équité, de dignité. Les participants ont pointé ce paradoxe d’une injonction éventuellement sans assises, mais en rappelant que du nouveau a été annoncé à ce sujet par Claude Bertrand lui-même...
> Programme de la Journée Pédagogique
Consultez les différentes interventions de la journée aux liens suivants :
> Isabelle Laborde-Milaa
> Nathalie Gorochov
> Eric Pellet
> Pierre Chiron
> Vincent Ferré
> Jean-Marc Leblanc
> Geneviève Lameul